Billet rédigé par Marie-Michèle Ricard, pour le bulletin IMAGES d'ANEB Québec, envoyé aux membres en décembre 2014. Pour vous abonner, cliquez ici.
Avoir
un proche touché par un trouble alimentaire peut être très déstabilisant et
très déroutant.
«
Suis-je responsable ? Est-ce de ma faute ? »
«
Si mon enfant/conjoint(e) refuse de me parler de ses difficultés, comment faire
pour le respecter tout en l’aidant ? »
«
Où sont mes limites en tant que parent/conjoint(e) ? Dois-je tout accepter ? »
«
Est-ce que le fait d’en parler ouvertement nourrira le trouble alimentaire ?»
«
Comment bien soutenir mon enfant/conjoint(e)? »
Tout
d’abord, le proche souffrant du trouble alimentaire peut être prêt à en parler
ouvertement, à aborder le trouble alimentaire et à entreprendre une démarche de
guérison. Ou alors, il peut ne pas être prêt à reconnaître ses difficultés et
vouloir éviter le sujet à tout prix. Selon son niveau d’acceptation, votre rôle
sera différent. Moins la personne est prête à accepter son trouble, plus votre
rôle en est un de présence, d’ouverture d’esprit, de compréhension, d’écoute et
d’empathie, le tout sans jugement. Plus la personne est prête à regarder en
face son trouble alimentaire, plus vous pourrez prendre une place active dans
son rétablissement.
Ensuite,
vous avez le droit d’avoir des inquiétudes. L’important, c’est d’apprendre à
les communiquer d’une façon claire et
sans jugement. Tentez une formulation basée sur des faits (les comportements spécifiques)
et communiquez vos émotions :
«
J’ai remarqué que tu n’avais pas mangé avec nous de la semaine. Ça m’inquiète.
»
«
Je suis triste quand je t’entends te blâmer à propos de ton poids. »
«
Je m’ennuie de toi et j’aimerais passer plus de temps avec toi. »
Informez-vous
et lisez sur les troubles alimentaires, sur les mythes les plus populaires. Demandez
à votre proche s’il souhaite les lire avec vous. Rendez-vous à des groupes
ouverts afin de discuter avec d’autres proches pour échanger sur votre réalité.
Proposez le même type de groupe à votre proche.
Un
exercice cognitif qui peut vous être utile
Votre
proche souffre d’un trouble alimentaire. Il n’est pas un trouble alimentaire.
La différence est primordiale à saisir, surtout parce que les personnes touchées
ont souvent peine à le voir. Dans leur tête, elles deviennent le trouble et ont
du mal à s’en dissocier. Essayez de voir le trouble alimentaire comme un manteau
spécial, malade, qui s’est déposé sur votre proche, et dont il est prisonnier.
C’est le manteau que les autres voient, que la personne voit quand elle se
regarde, c’est le manteau qui décide des actions.
Cette
image peut aussi vous aider à percevoir différemment les paroles reçues qui
peuvent être blessantes. C’est le trouble alimentaire qui vous parle, et non
votre proche. Si la personne avait une tumeur au cerveau, on aiderait la
famille en leur disant : « C’est la tumeur qui parle, pas Benoit. » Dans ce
cas-ci, c’est le trouble alimentaire.
Si
vous êtes plusieurs dans la famille (deux parents, ou alors si les
grands-parents sont très présents, etc.), discutez de vos inquiétudes, échangez
sur vos connaissances suite à vos lectures de façon à ce que vous ayez le même
discours ouvert et sans jugement.
Vous
savoir à l’écoute, inquiet, mais aussi présent, ouvert d’esprit et aimant peut
amener votre proche à s’ouvrir à son tour.
Évitez
de tenir pour acquis que les comportements alimentaires inadéquats de votre
proche sont choisis consciemment, pour se faire du mal et pour vous faire du
mal, et qu’il peut les arrêter quand il le veut. Souvenez-vous qu’il en
souffre, et que malgré les apparences, le trouble alimentaire le contrôle, et
non l’inverse. Un trouble alimentaire prend de la place. La place qui, jadis,
était occupée par l’entourage. Par conséquent, il leur en reste beaucoup moins.
C’est le propre du trouble alimentaire : isoler la personne. Souvenez-vous,
c’est un manteau qui éloigne les autres. En demeurant présent, vous vous
adressez à la personne qui souffre, contrairement à être en réaction au «
manteau ».
En
lisant sur les troubles alimentaires, vous aurez accès à différents symptômes
inquiétants qu’il importe de reconnaître (période de jeûne prolongé, perte de
poids rapide, pertes de conscience, etc.). Dans ces cas, n’hésitez pas à faire
appel à un médecin. Proposez une rencontre médicale commune avec votre proche.
Certes, il se peut qu’il réagisse défavorablement et vous perçoive comme « le
méchant » dans l’histoire. Rappelez-vous l’image du manteau. C’est le trouble
alimentaire qui parle et qui ne veut pas partir. En identifiant clairement les symptômes
inquiétants, vous proposez à votre proche une vision plus objective de la
maladie. Aussi, tout en respectant votre proche, vous devez vous respecter. Il
est donc possible que vous imposiez certaines limites à votre proche; vous
n’avez pas à tout accepter.
Soyez
un modèle adéquat : apprenez à aimer votre corps et ayez une alimentation intuitive. Démontrez à votre proche que manger est une action primordiale dans
la vie et qu’on peut y prendre plaisir, que le corps est beau avec toutes ses
formes.
Vous
n’êtes pas la cause du trouble alimentaire,
mais vous pouvez être une
excellente source de protection et un facteur de guérison.
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